Ancien secrétaire Biedermeier avec des bronzes dorés à chaud

Dimensions : H x L x P : 141 x 88 x 49 cm

Description :
Rare et très fine armoire à écrire berlinoise du début du 19e siècle aux dimensions très gracieuses.

Le meuble, qui repose sur des pattes de lion en fer coulé, comporte deux grands tiroirs en bas, le volet d'écriture au-dessus et un tiroir de tête sous la corniche profilée et ébonisée.
A gauche et à droite, deux pilastres noircis et s'amincissant vers le bas accompagnent la façade du meuble. Ils sont surmontés de deux bustes en bronze coulé et doré à chaud de la meilleure qualité. Les bustes sont complétés par des ferrures en forme de trou de serrure, elles aussi remarquablement travaillées, ainsi que par des griffons montés sur fond noir et entourés de serviteurs qui donnent de l'eau et de rinceaux.

Le montage des bronzes sur un fond noirci était une pratique courante dans le classicisme berlinois. Le fort contraste de couleur renforçait l'effet de la dorure à chaud et la finesse des ciselures était plus clairement reconnaissable sans les veines de bois environnantes gênantes. On en trouve un exemple particulièrement beau, tout à fait semblable au meuble proposé ici, dans une commode et un secrétaire du Museo Mario Praz à Rome [cf. Patrizia Rosazza Ferraris - Il Museo Praz p. 30]. Ici aussi, des créatures mythiques entourées de rinceaux sont disposées de manière symétrique dans un champ rectangulaire noir et sont d'une qualité exceptionnelle. Les bronzes ont été livrés par Werner & Mieth, une fonderie fondée en 1792 et considérée au début du XIXe siècle comme le premier fabricant berlinois de produits artisanaux en bronze. L'entreprise s'est surtout distinguée par la qualité de la réalisation des projets de Karl Friedrich Schinkel et est ainsi entrée en contact avec l'ébéniste Karl Wanschaff, qui travaillait pour Schinkel et à qui sont attribués les meubles désormais conservés à Rome.
La prospérité de l'artisanat à Berlin à la fin du 18e et au début du 19e siècle s'explique notamment par la suppression des monopoles des corporations. C'est ainsi que de nombreux fondeurs de bronze et doreurs se sont créés et établis à partir du milieu des années 1790. Outre Werner & Mieth, on peut citer par exemple Hanff, Ermisch, Schröder et Ravené. Il n'est pas possible de savoir avec certitude dans quelle fonderie ont été fabriqués les bronzes montés sur le meuble proposé ici.

Outre les bronzes, le secrétaire proposé ici attire également l'attention par le choix du bois et sa coloration. Ainsi, à l'extérieur, on a utilisé un placage d'érable très nervuré au lieu du bois d'acajou auquel on aurait pu s'attendre.
L'utilisation accrue de bois européens au début du 19e siècle est directement liée aux guerres révolutionnaires et commerciales entre l'Angleterre et la France, à la suite desquelles l'importation de bois exotiques en provenance des colonies des Indes occidentales a presque totalement cessé. Après s'être spécialisé pendant des décennies dans le traitement de l'acajou, Berlin se devait d'utiliser des alternatives de qualité supérieure issues des stocks locaux. Le souhait de s'affranchir durablement des importations a conduit la Prusse à légiférer sur l'interdiction d'importer des bois exotiques et à offrir des primes pour la transformation réussie de matériaux locaux. Alors qu'auparavant, les bois européens n'étaient généralement utilisés qu'en faible quantité - par exemple pour créer un contraste clair avec l'acajou dominant -, ils apparurent d'abord vers 1800 avec une présence créative équivalente, puis remplacèrent complètement les bois tropicaux dans les années suivantes.
Afin d'imiter l'effet apprécié du placage tropical, les ateliers berlinois se spécialisèrent dès lors également dans le développement de techniques de teinture et de surface : ainsi, les bois clairs furent fortement assombris pour correspondre à la teinte de l'acajou. Cette technique est également visible sur le secrétaire présenté ici - sa surface relativement sombre est due à la teinture intensive de l'érable utilisé.
L'utilisation de placages taillés dans des nodules de bois madré jouit également d'une popularité croissante à cette époque, mais pose des exigences techniques particulières : Ces placages ont tendance à se déformer beaucoup plus que les feuilles taillées dans le tronc droit et ont permis de perfectionner encore le grand art du placage à Berlin.

Lorsque nous ouvrons la porte de l'écritoire, nous découvrons un intérieur plaqué dans ces mêmes bois de veinage, au-dessus de la surface d'écriture recouverte de cuir. Les bois teintés clairs et foncés sont encore géométrisés dans le style du début du classicisme par des incrustations de fils de laiton et des bois foncés. De petits restes d'acajou au veinage simple ont encore été utilisés pour l'encadrement extérieur du compartiment écritoire et pour le compartiment central ouvert.

Le secrétaire proposé ici est donc un excellent exemple de la construction de meubles berlinoise du début du 19e siècle. Il combine l'érable teinté foncé avec des bois de veinage de différentes couleurs et est complété par des contours en bronze finement ciselés et richement dorés.

Sous le plateau supérieur se trouve une signature difficilement lisible : G. Beuthen ( ?) 1801 ou 1811 (voir photo).

État :
État retravaillé sous patine avec un polissage manuel à la gomme-laque. Les bronzes ont été légèrement nettoyés et se trouvent, avec les dorures, dans un très bon état authentique.

Prix : 15500,-€

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