Pendule "Atala et Chactas

Dimensions : H x L x P : 40 x 32 x 11 cm

Description :
Très rare et de très grande qualité pendule de cheminée française, dite pendule Au Bon Sauvage.

Elle représente des scènes de l'histoire d'amour "Atala ou l'amour de deux sauvages dans le désert", écrite par François René Vicomte de Chateaubriand en 1801. Au début du 19e siècle, il s'agissait probablement de l'histoire d'amour la plus célèbre en Europe, mais elle est aujourd'hui tombée dans l'oubli.

L'histoire, qui se déroule dans l'actuelle Louisiane (États-Unis), raconte, grossièrement recadrée, l'amour interdit entre Chactas, un jeune Indien, et Atala, la belle fille d'un Espagnol.
Chactas est capturé lors d'un combat entre deux tribus indiennes, enchaîné à un palmier et doit être sacrifié. Atala veut lui sauver la vie et le convertir au christianisme. Elle le détache du palmier pendant la nuit et ils s'enfuient ensemble dans les contrées sauvages d'Amérique du Nord. L'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre devient de plus en plus fort et ils ont la perspective d'un avenir commun.
L'histoire prend une tournure tragique lorsque Atala, qui doit rester vierge en raison d'un vœu de sa mère, ne résiste plus à la dichotomie de ses sentiments et se suicide.

Le groupe de personnages principaux montre donc la libération de Chactas par Atala. Chactas est ligoté et appuyé sur une pile de bûches. La peau de bête jetée sur les bûches et les armes appuyées à droite de la pile donnent l'impression d'un campement nocturne.
Le bronze est d'une rare beauté, finement ciselé, et donne à la scène un aspect très vivant. Le contraste entre le bronze doré à chaud et le bronze patiné crée une tension dans la composition.

Sur le socle, nous voyons la mise au tombeau comme fin de l'histoire d'amour tragique. Ce travail en bronze est également très détaillé, le jeu de dorures brillantes et mates fait paraître le relief plat nettement plus profond qu'il ne l'est en réalité.

La représentation de la pendule présentée ici montre que l'exotisme n'était connu que par des récits et que le bronzier avait ses propres idées sur l'apparence de ce monde lointain. Ainsi, l'Indien a des traits très européens et même sa peau n'était évidemment pas noire dans la réalité. De même, le palmier n'existait certainement pas dans les contrées sauvages d'Amérique du Nord.

Le cœur de l'horloge est un mouvement de pendule français intégré dans la pile de bois, d'une durée de marche de huit jours et avec sonnerie à disque de serrure avec frappe sur une cloche à la demi-heure et à l'heure pleine. La pendule est suspendue à un fil, ce qui est typique de l'époque. Les aiguilles de forme classique, appelées aiguilles Breguet, sont également typiques de l'époque.
Le cadran émaillé comporte des chiffres romains noirs pour les heures, des quarts d'heure en chiffres arabes et porte la signature : Le Roy hr. de Madame A PARIS.

Ce qu'il faut savoir :
C'est entre 1795 et 1815 environ qu'a été réalisé le groupe de bronzes sans doute le plus spectaculaire : Les pendules "Au bon Sauvage" - des représentations du "Noble Sauvage".

Les observateurs d'aujourd'hui réagissent à ces objets avec autant de fascination que d'irritation. Enthousiasmés d'une part par la qualité évidente des bronzes travaillés dans les moindres détails et par l'attrait de l'exotisme, ils sont d'autre part distants et prudents en raison de la possible discrimination qu'ils soupçonnent derrière ces objets. L'ambivalence de ce sentiment motive la recherche des conditions d'apparition de ces pendules.
Les Européens ont trouvé leur nouvel idéal de l'homme naturel principalement dans des récits de voyage fictifs et réalistes sur les Indiens d'Amérique du Nord, les Noirs d'Afrique et les insulaires des mers du Sud. Certaines de ces œuvres sont encore considérées aujourd'hui comme de la littérature mondiale, on pense notamment aux "Voyages de Gulliver" (1726) de Jonathan Swift ou à "Robinson Crusoé" (1719) de Daniel Defoe.

Signe d'admiration pour l'exotisme, les pendules "Au bon Sauvage" sont une caractéristique typique des Lumières de la fin du XVIIIe siècle. Elles illustrent les aspirations d'une société jusqu'alors centrée sur l'Europe, qui a été poussée à regarder au-delà de son horizon habituel, notamment par la découverte de la navigation et par la Révolution de 1789.

[Source : Elke Niehüser - L'horloge française en bronze p. 140-143]

État :
Bel état authentique et nettoyé de la dorure à chaud d'origine, dite Ormolu, avec des frottements typiques de l'ancienneté sur le dos de l'horloge. L'un des pieds est anciennement restauré, il a probablement été cassé une fois et a été refixé.

Le mouvement a été entièrement nettoyé et révisé et fonctionne parfaitement.

Prix : 16500,-€.