Pendule avec représentation de l'amitié et de l'amour

Dimensions : H x L x P : 44 x 36 x 13 cm

Mouvement de pendule français avec une durée de marche de huit jours. Suspension à fil et sonnerie à disque avec sonnerie à la cloche à la demi-heure et à l'heure.
Cadran en émail blanc avec chiffres romains pour les heures et aiguilles Breguet.
Signature : LePaute & Fils / Hrl. du Roi (Pierre-Basile Lepaute (1750 - 1843) avec son fils Pierre-Michel Lepaute (1785-1849) ; en atelier commun dès 1811).

Description :
La pendule présentée ici, d'une extrême qualité, aborde un thème profond : L'amitié qui se lie à l'amour et qui peut ainsi survivre au temps et à la mort. Comme c'est typiquement le cas à l'époque du classicisme, des personnifications et des symboles sont tirés du fonds de la mythologie et de l'art antiques, puis développés.

Le personnage principal est une jeune femme vêtue d'une robe antique ceinte, pieds nus et jambes croisées, debout à côté d'un autel sur lequel elle s'appuie avec le coude gauche. Elle penche gracieusement la tête vers un Cupidon qui s'approche en trombe, saisit sa main droite de la gauche et l'attire vers son sein, siège du cœur. La délicate ambivalence entre s'envoler et être retenu culmine dans le regard intime et confiant qu'ils se lancent l'un à l'autre.
La jeune femme personnifie l'amitié, le Cupidon ailé l'amour. En signe de leur union intime, deux cœurs enflammés, étroitement liés l'un à l'autre par un collier de fleurs, apparaissent sur l'autel à côté d'eux, encadrés par l'écharpe gonflée.

À côté, sur la plaque de l'autel, on voit un livre posé avec le titre "Amitie". Une grenade, maintenue par un anneau de fleurs de grenade, sert de support au livre. De l'écorce éclatée jaillissent les graines pleines à craquer. Depuis l'Antiquité, la grenade et ses fleurs sont dédiées à la déesse Perséphone, symbole des enfers et de la mort, mais aussi de la vie et de la fertilité. Le myrte entrelacé dans la couronne de fleurs de grenade de l'"amitié" a également une portée symbolique très large : la plante était consacrée à la déesse Aphrodite, représente la virginité, et était et est donc obligatoire dans la couronne de la mariée. Elle signifie surtout l'amour et la fidélité au-delà de la mort.

La dimension de l'infini est également évoquée par l'inscription "HIVER, ETE" en haut du bandeau de la jeune femme. "Hiver comme été", l'amitié dure donc aussi au-delà de la mort.
C'est également ce qu'indique la figure de Chronos dans le champ en relief sous le cadran. Conformément au langage formel antique, le dieu du temps est représenté sous la forme d'un homme âgé mais musclé et athlétique, doté d'une forte barbe et d'ailes puissantes - le temps "vole". Dans sa main gauche, il tient une grande faux avec laquelle il coupe toute vie. Mais de manière inhabituelle, il serre aussi fermement contre lui un arc avec un carquois et des flèches dans son bras droit. Tout en marchant précipitamment vers la droite, il regarde prudemment vers la gauche, comme s'il se croyait poursuivi. En effet, il aurait toutes les raisons de le faire, car l'arc et les flèches appartiennent à l'origine à Cupidon, le dieu de l'amour. Elles sont ses armes les plus redoutées par les hommes et les dieux. En effet, avec les flèches enflammées de l'amour, il atteint le cœur des hommes et les blesse gravement. Ce type d'amour blesse le cœur, il associe la passion à la convoitise, à la sexualité, à la jalousie, à la douleur, à la perte. Un Cupidon privé de ces armes serait l'amour unique, idéal, qui transcende la corporalité et l'éphémère.
C'est précisément ce type d'amour que nous voyons ici, sous la forme d'un Cupidon désormais désarmé, s'envoler vers le cœur de l'amitié pour s'y unir.

Pour l'art français, le thème de la transformation de l'amour passionné en amitié fidèle est directement et exemplairement lié à la figure de Madame de Pompadour (1721 - 1764), qui fut pendant plus de 20 ans la maîtresse officielle du roi français Louis XV et en outre l'une des femmes les plus intelligentes et les plus puissantes de son temps. Mais en 1750, la relation amoureuse avec le roi se transforme en une relation amicale. Conformément à la légitimation nécessaire de ce changement de rôle devant la cour et la société, elle commanda aux plus grands artistes des sculptures allégoriques.
C'est ainsi que Jean-Baptiste Pigalle créa en 1758 le groupe en marbre "L'amour embrasse l'amitié", qui peut être considéré comme un modèle direct pour le bronze de la pendule présentée ici, en particulier le regard intimement lié des deux personnages, mais aussi les fleurs et le tronc d'orme entouré de vigne (à gauche et à droite au-dessus du cadran).

Mais la recherche d'images et la composition du groupe en bronze ne sont pas les seules à être exceptionnelles. Tant la finesse de la fonte que la dorure à chaud d'origine et la ciselure variée témoignent de la plus haute qualité.
Cela est particulièrement visible sur le bas-relief de Chronos : ici, le fond est ciselé de manière granuleuse, tandis que les ailes laissent apparaître chaque plume. Le corps est ciselé de telle sorte que la surface souligne les parties chatoyantes des muscles, ce qui lui confère une grande plasticité. Pour couronner le tout, certaines parties, comme les bords de la cape flottante, sont polies et reflètent la lumière avec éclat.
La qualité de ce bas-relief, qui ne se détache que très peu de la surface tout en produisant une plasticité étonnante, représente un niveau élevé de l'art de la sculpture.

Certes, le bronze n'est pas signé - comme presque toutes les pendules de cette époque - mais la composition et la qualité des figures, du travail du bronze, de la dorure et de la ciselure permettent de prendre en considération Pierre-Philippe Thomire (1751 - 1843). Il est prouvé que le plus grand bronzier de l'Empire a souvent collaboré avec les Horloges Lepaute (Lit. Augarde, p. 352-354).

L'intégration du mouvement original avec son cadran en émail blanc dans l'iconographie du bronze est une caractéristique de qualité particulière de l'œuvre d'art. Il incarne de manière sensuellement réelle, par les indications des heures et les aiguilles, mais aussi par son tic-tac, la progression inéluctable du temps. Cette progression est mise en image physiquement par le chronos dynamique du bas-relief situé en dessous. En revanche, l'orme mort et le feuillage vivant de la vigne rappellent la constance dans le temps.

Dans l'ensemble, cette pendule en bronze, avec sa composition bien pensée et finement exécutée, est le symbole parfait d'une amitié idéale et affectueuse qui survit à tous les temps.

Ce qu'il faut savoir :
Les horloges de la famille Lepaute forment à Paris une dynastie à part entière avec des ateliers exceptionnels. Ils portent le titre honorifique d'"Horloger du Roi" depuis 1751, sous le règne du roi Louis XV. Cela se poursuit sous Louis XVI et, après la fin des rois Bourbons avec la Révolution de 1789, sous l'empereur Napoléon Ier (1805 - 1814). Pierre Basile Lepaute et son fils Pierre Michel reçoivent alors le titre d'"Horloger de l'Empereur".
Même après la fin de l'Empire napoléonien, ils conservent leur position privilégiée pendant la période suivante de la Restauration, au cours de laquelle les rois bourbons sont à nouveau intronisés : en 1814, ils deviennent "Horloger du Roi" pour les Bourbons Louis XVIII (1814 - 1824) et Charles X (1824 - 1830).
Tout au long de leur carrière, les horlogers de la famille Lepaute se voient confier des œuvres non seulement par la cour royale, mais aussi par l'ensemble de la haute aristocratie. Pour répondre aux exigences élevées de leurs clients, ils collaborent avec les plus grands sculpteurs et bronziers, notamment P.-P. Thomire, R. Osmont, F. Vion et Clodion. Leurs pendules se trouvent donc dans les plus grands châteaux, collections et musées du monde.

État de conservation :
Excellent état du mouvement et de la dorure à chaud d'origine.

Prix : 7800,- €.

Le prix comprend une expertise spécialement rédigée et signée par le Dr Elke Niehüser. La majeure partie de la description ci-dessus provient de cette expertise détaillée.